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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/178

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par trop raisonnable de Confucius et des lettrés le ferment qui lui manquait encore et que les disciples de Lao-tseu, trop magiciens, trop alchimistes et trop peu lyriques, avaient en vain essayé de lui fournir.

La première œuvre qu’on attribue traditionnellement aux premiers traducteurs consiste en une sorte d’anthologie, un recueil de morceaux choisis des textes sacrés, connu sous le titre de Sūtra en Quarante-deux articles. D’autres traductions attribuées à l’un d’eux se sont perdues dans les guerres civiles et les persécutions qui ont si souvent ensanglanté la Chine. Leurs premiers continuateurs sont originaires soit du pays des Yue-tche, soit du pays de K’ang (Sogdiane), soit du pays de Ngan-si (Parthie), soit enfin du Tchou (l’Inde propre) ; la plupart sont iraniens de naissance. Le plus actif et le plus remarquable d’entre eux est Ngan Che-kao, prince royal d’une famille parthe, qui aurait renoncé au trône en faveur de son oncle pour entrer en religion ; il arriva en Chine en 148, y mourut en 170, et dans cet intervalle de vingt-deux ans il aurait exécuté 176 traductions, dont 55 sont conservées. Après la chute des Seconds Han, vers 220, la Chine se divise en trois royaumes : Wei à Lo-yang (220-265), Chou à Tch’eng-tou du Sseu-tch’ouan (221-263), Wou à Nankin (222-279). Les Wei maîtres des voies de terre, les Wou maîtres des voies de mer qui mènent aux pays d’Occident, se disputent les moines, missionnaires ou coureurs d’aventures, qui apportent la parole sacrée ; les Wou sont les mieux partagés ; c’est chez eux que s’installent Tche K’ien, le Yue-tche, laïque très instruit, qui connaissait les ouvrages sacrés, les ouvrages profanes et les écritures étrangères, et qui