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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/194

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de mahārāja, et son cadet Dhanyaviṣṇu, érigent une colonne en l’honneur de Viṣṇu et datent l’inscription votive « du temps du roi Budhagupta, tandis que Suraçmicandra exerce les fonctions de mahārāja entre la Kālindī (Jumna) et la Narmadā ». Un peu plus tard, Mātṛviṣṇu étant mort dans l’intervalle, le même Dhanyaviṣṇu consacre dans la même localité un temple à Viṣṇu-Sanglier (l’avatar du dieu quand il a repêché sur ses défenses la terre engloutie par l’Océan), et il élève sous le portique la statue colossale du Sanglier divin, haute de onze pieds environ, couverte de personnages sacrés ou divins ; elle porte une inscription votive datée cette fois, avec l’étonnante impassibilité de l’Inde, « De l’an 1 de S. M. Toramāṇa, le glorieux, le resplendissant, roi au-dessus des grands rois, qui gouverne la terre », et l’écrivain qui se pique de style ne néglige pas d’accumuler dans cette simple formule les effets d’allitération si appréciés par la poétique de l’Inde. Mais l’Inde, qui réussit à absorber presque toutes les races, échoue avec le Hun. La brute, qui semblait s’être un instant assoupie sous l’action d’un climat qui amollit d’un génie qui attendrit, se réveille avec une violence surexcitée chez le fils de Toramāṇa, Mihirakula. Avec lui l’Inde va connaître son Attila, et le bouddhisme son Antéchrist. Dans la galerie monotone des princes de l’Inde, que le protocole et les documents noient dans une sorte de brouillard incolore, Mihirakula se détache en vigoureux relief. Nous avons sur lui des témoignages variés d’origine, d’inspiration, et qui concordent dans leur ensemble. Le plus ancien est le témoignage d’un contemporain même de Mihirakula, d’un chinois, d’un pélerin en mission officielle qui eut l’occasion de le rencontrer, de l’aborder, de l’entretenir en personne :