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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/193

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qu’aux rives de la Marne, où l’alliance de la Gaule romaine et des Francs a brisé leur élan (451) dans les Champs Catalauniques. Attila, désemparé, a dû reculer, rentrer en Germanie ; deux ans plus tard il mourait (453) ; l’Europe, le christianisme, la civilisation antique étaient sauvés du péril des Huns. Impuissante à rompre la barrière de l’Occident, la horde n’en cherche qu’avec plus d’acharnement à rompre la barrière indo-iranienne. La défaite et la mort du Sassanide Peroz en 484 lui ouvre largement les routes de l’Inde. La domination des Huns dans l’Inde dure environ un demi-siècle ; elle se résume en deux règnes : Toramāṇa d’abord, puis son fils Mihirakula. Comme tous leurs congénères des steppes, les Hūṇa de l’Inde (que l’usage local désigne spécialement comme les « Huns blancs » çveta-, sita-, leukoi Hounnoi de Cosmas) s’adaptent en apparence avec une inépuisable souplesse aux nations chez lesquelles ils pénètrent. Leur monnayage est d’abord la copie fidèle du type sassanide, tout mince, avec une légende en caractères gréco-sassanides, avec l’autel du feu, l’étoile et le croissant ; puis, maître du Malva oriental, Toramāṇa copie les pièces du roi Budhagupta qu’il a renversé ; il lui emprunte même en se l’appropriant la légende typique de la frappe des Gupta « vainqueur de la terre, maître de la terre, S. M. Toramāṇa, le dieu, est victorieux » [vijitāvanir avanipati Çrī Toramāṇa devo jayati] ; au revers, if reproduit le paon à la queue étalée qui est le symbole des Gupta. Il prend le titre hindou de « roi suprême des grands rois » (Mahārājādhirāja). On croirait que la conquête s’est accomplie en douceur, par un simple transfert légal de souveraineté. En l’an 484, à Eran (district de Sagar, Central Provinces) un chef local, Mātṛviṣṇu, qui porte le titre