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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/204

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sacrés, détruisit les couvents au nombre de seize cents. Outre les hommes qui avaient péri par le fer, il en restait encore neuf cent mille qu’il voulut massacrer jusqu’au dernier. En vain les ministres le supplient de se montrer clément. « Le roi emmena trois cent mille hommes des premières familles et les fit massacrer sur le rivage de l’Indus ; trois cent mille hommes des familles de la seconde classe, et les fit noyer dans les flots de l’Indus ; enfin trois cent mille hommes des dernières familles, et les distribua à ses soldats. Cela fait, il emporta les richesses du royaume qu’il avait perdu, rassembla ses troupes et partit. Mais il mourut avant de recommencer une nouvelle année. Au moment de sa mort, le ciel se couvrit de sombres nuages, la terre trembla, et il survint un affreux ouragan. Dans ce moment, les hommes qui avaient obtenu la sainteté furent saisis d’un sentiment de pitié et dirent en soupirant : Pour avoir immolé une foule d’innocents et détruit la Loi du Bouddha, il est tombé dans l’enfer. Il n’est pas encore au terme de la transmigration. »

Cinq siècles plus tard encore, un poète cachemirien, Kalhaṇa, réunit dans une Chronique versifiée, la Rājatarangiṇī (achevée en 1149) les traditions et les légendes du passé de son pays. Et six cents années après la mort de cet autre Attila, le souvenir persiste comme un cauchemar inoubliable. « Mihirakula, roi violent, pareil à la mort régna sur le pays submergé par des hordes barbares. En lui la région du nord a produit comme un autre dieu de la mort, jalouse de surpasser la région du sud où préside Yama (le Trépas). On reconnaissait son approche aux vautours, aux corbeaux qui volaient sur ses traces pour se nourrir de ses victimes. Ce vampire royal était jour et