nuit entouré de milliers de cadavres, même dans ses pavillons de plaisance. Cet ennemi de la race humaine n’avait ni pitié pour les enfants, ni compassion pour les femmes, ni respect pour les vieillards. Un jour il observa sur la poitrine de la reine, qui portait une étoffe venue de Ceylan, l’empreinte de pieds en or, il fut transporté de fureur. Son chambellan lui expliqua que les étoffes de Ceylan portaient comme marque d’origine l’empreinte du pied du roi ; il partit aussitôt en guerre contre l’île… Il y installa un nouveau roi… et à son retour il mit en fuite le Cola, le Karṇāṭa, le Lāṭa et les autres souverains… En arrivant à la Porte du Cachemire, il entendit le cri de terreur d’un éléphant qui tombait dans un précipice ; il fut charmé ; sa méchanceté se plut à ce cri, et il fit jeter dans l’abîme une centaine d’éléphants. Comme le contact des misérables souille le corps, le récit de ces horreurs salit la parole. Je ne raconterai pas d’autres actes de barbarie… Après un règne de soixante-dix ans, ce fléau de la terre fut pris de maladie, et il se brûla volontairement. Au moment où il sacrifiait ainsi son propre corps, une voix clama du ciel : Ce meurtrier de trois cent mille victimes a obtenu le salut, puisqu’il n’a pas épargné sa propre personne. Ceux qui rapportent ce trait le tiennent pour un donateur généreux qui a racheté ses fautes en octroyant des concessions de terres aux brahmanes. » Autrement dit, les brahmanes du Cachemire étaient tout disposés à lui pardonner le mal qu’il avait fait aux bouddhistes.
La notoriété de Mihirakula s’était étendue jusqu’au monde grec. Son nom est mentionné, mêlé déjà à la légende, dans un ouvrage singulier écrit par un de ses contemporains et achevé peu de temps après sa mort : la Topo-