Aller au contenu

Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


IX

LE RÈGNE DE HARṢA (606-648)

Entre le début et le milieu du viie siècle, l’Inde nous apparaît dans une profusion inaccoutumée de clarté. L’empereur qui commande à tout l’Hindoustan, Harṣa, est un des classiques de la poésie, particulièrement du théâtre indien ; parmi les hommes de lettres qui vivent à sa cour, le mieux doué, Bāṇa, commence — sans l’achever malheureusement — une biographie romanesque de son maître, qui se classe au premier rang parmi les chefs-d’œuvres de la prose sanscrite ; enfin, sous son règne, un pélerin venu de Chine, Hiuan-tsang, visite la plus grande partie de l’Inde, rencontre et fréquente Harṣa, puis, rentré dans sa patrie, écrit des Mémoires surprenants de richesse et d’exactitude, où les historiens, les géographes, les archéologues recueillent, sans arriver à les épuiser, d’incomparables matériaux. L’épigraphie ajoute à ces informations exceptionnelles son contingent usuel de documents inscrits. Les arts, eux aussi, créent dans cette période de magnifiques monuments. Et tout l’ensemble suggère un tableau si aimable, si élégant, si gracieux, si fin, si spirituel, si délicat qu’on se refuse à croire à l’agonie prochaine d’une pareille civilisation et d’une pareille société.