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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/222

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et par sa sage administration, il répandit partout l’union et la paix. Il s’appliqua à l’économie, cultiva la vertu, et pratiqua le bien au point d’oublier le sommeil et le manger. »

C’est encore le Chinois Hiuan-tsang à qui nous devons ce résumé du règne de Harṣa. Nous ignorons le détail des conquêtes qui aboutirent à assurer sa suzeraineté entre l’Indus, les bouches du Gange, l’Himalaya et le Vindhya. Mais nous sommes assurés que Harṣa ne dut ses succès qu’à lui-même : ce roi « doué d’une belle figure et d’une taille imposante » s’occupait en personne de toutes les affaires. « Il divisait chaque jour en trois parties. Dans la première il vaquait aux soins de l’État ; dans la seconde, il s’appliquait à des actes méritoires et cultivait le bien avec un zèle infatigable ; le jour entier ne lui suffisait pas… Souvent il visitait lui-même ses domaines et observait les mœurs des habitants. Il n’avait nulle part une résidence fixe ; partout où il s’arrêtait, il faisait construire une cabane et y demeurait. Mais dans les trois mois de la saison des pluies il suspendait ses excursions… S’il avait besoin de consulter quelqu’un sur une affaire, il se mettait en rapport avec lui par un échange continuel de courriers. » Cette inlassable activité, si rare chez les despotes asiatiques, ne se relâcha point avec les années. Quand Hiuan-tsang le rejoignit, en 642, il revenait de « châtier » le prince de Kongoda (sud de l’Orissa) qui « soutenu par des soldats pleins de bravoure et d’audace, prétendait dominer sur les états voisins ». C’est aussi dans la seconde moitié de son règne que Harṣa dirige une campagne victorieuse contre le royaume de Valabhī (Wala, en Kathiawar), successeur des Grecs et des Çaka sur la portion nord-ouest du lit-