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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/223

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toral indien et sur l’arrière pays en profondeur. Vers la fin du ve siècle, un soldat de fortune, Bhaṭārka, du clan des Maitraka, probablement issu d’une de ces races étrangères que les invasions successives avaient amenées à l’Orient du Sindh, s’était taillé dans la presqu’île du Kathiawar une principauté bientôt accrue par ses descendants. Enrichie par l’activité grandissante du commerce maritime, la dynastie de Valabhī, devenue maîtresse du Mālava, avait repris à son compte les traditions de culture raffinée entretenues de longue date autour du foyer d’Ujjayinī. Son zèle intelligent accordait un patronage égal à toutes les confessions ; deux des grands docteurs du bouddhisme au vie siècle, Guṇamati et Sthiramati, avaient éprouvé sa faveur. Quand Hiuan-tsang visita le pays, vers 640, il entendit exalter dans les couvents la mémoire d’un prince qui avait régné soixante ans plus tôt, et qui avait porté (comme Harṣa) le titre de Çilāditya. « Il était plein d’affection pour le peuple… Depuis sa naissance jusqu’à sa dernière heure, sa figure ne montra jamais de colère ; ses mains ne firent jamais de mal à une créature vivante. Avant de donner à boire à ses éléphants et à ses chevaux, il avait soin de filtrer l’eau, de peur de faire périr les insectes aquatiques… Pendant les cinquante années qu’il resta sur le trône, les animaux féroces devinrent familiers avec les hommes ; dans tout son royaume, le peuple sans exception renonça au meurtre. » Le neveu de ce prince, qui occupait le trône au moment du passage de Hiuan-tsang, ne ressemblait guère à ce modèle. « Il avait le caractère vif et emporté, l’intelligence faible et bornée. » Il n’était pas de taille à faire reculer Harṣa ;