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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/233

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d’entendre les grands maîtres. Mais n’entre pas qui veut. « Si un homme d’un autre pays veut entrer et prendre part aux conférences, le gardien de la porte lui adresse des questions difficiles. Le plus grand nombre est réduit au silence et s’en retourne ; il faut avoir approfondi les livres anciens et modernes pour obtenir d’y entrer. En conséquence, les étudiants qui voyagent pour leur instruction ont à discuter longuement pour montrer leur capacité ; il y en a toujours sept ou huit sur dix qui se voient éliminés. Si les deux ou trois autres ont paru instruits, on les interroge tour à tour au milieu de l’assemblée, et l’on ne manque point de briser la pointe de leur esprit ; mais ceux qui ont un talent élevé et une vaste érudition, une forte mémoire et une grande capacité associent leur gloire à celle de leurs devanciers. »

Pour les arts, s’il ne reste pas dans l’Inde du nord de monuments de Harṣa, son rival Pulikeçin nous a légué presque intact, dans les grottes d’Ajanta (sud de la Tapti moyenne), un ensemble de constructions souterraines où l’architecture, la sculpture, la peinture atteignent leur apogée. Ce genre de constructions qui a doté l’Inde de tant de chefs d’œuvre, n’a rien créé de plus magnifique. Les fresques d’Ajanta sont maintenant célèbres dans l’histoire de l’art ; elles commandent en grande partie le développement de la peinture dans tout l’Extrême-Orient. Qu’il s’agisse du paysage, de la personne humaine, des animaux, des fleurs, du décor, des scènes historiques ou édifiantes, on peut leur appliquer ce qu’un peintre anglais chargé d’en prendre des copies écrivait après un long examen : « la nature et la convention s’y marient si harmonieusement qu’on est saisi de la plus haute admiration ». Sur la côte