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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/234

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orientale, où les Pallava viennent de créer, eux aussi, un état puissant avec Kāñcī (Conjeveram) pour capitale, Narasiṃhavarman, contemporain, rival, et finalement vainqueur de Pulikeçin, édifie à Mavalipuram (entre Pondichéry et Madras) ces temples monolithes des Sept Pagodes et sculpte sur les rochers de grandes scènes en bas-relief, entre autres le morceau célèbre sous le nom plus ou moins justifié de la Pénitence d’Arjuna.

Entre 600 et 650, l’Inde de Harṣa et de Pulikeçin est véritablement la fleur du monde. Ni la Byzance d’Héraclius, ni la Perse de Chosroès Parvīz, ni la Chine des T’ang ne la surpassent en éclat, en puissance, en prospérité, en affinement. Elle a retrouvé sa place dans la politique de l’Asie. Pulikeçin cherche à s’appuyer sur la Perse, il écrit à un fils de Chosroès, Shirū, pour lui proposer une alliance. Harṣa cherche à se concilier la Chine, il envoie par un brahmane une lettre au Fils du Ciel, T’ai-tsong ; une mission officielle, conduite par Li Yi-piao, vient lui porter la réponse à la fin de 643. Mais une fois de plus va se manifester la fragilité ordinaire des empires indiens, fondés uniquement sur l’énergie d’un chef, sans un appareil d’institutions permanentes aptes à fonctionner par leur propre jeu. Pulikeçin, à la fin de son règne, succombe sous l’attaque des Pallava (de Kāñcī, Conjeveram) qu’il a si souvent vaincus ; le Pallava Narasiṃhavarman s’empare à son tour de la capitale de son adversaire (Vātāpi = Badami), la livre au pillage, et probablement met à mort l’ennemi de sa race. Les dernières années de Harṣa rappellent la fin d’Açoka, qui semblait avoir ressuscité en lui. Hiuan-tsang avait été témoin d’un attentat contre la vie du prince. « Tout à coup un homme étrange courut à sa