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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/239

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des Licchavi, fameux dans la tradition du Bouddhisme, le Népal était devenu un foyer brillant de littérature et d’art ; brahmanes et bouddhistes y avaient des couvents, des bibliothèques, des docteurs ; on y montrait de vieux monuments, des hémisphères de terre soutenus par une plinthe de briques, que la tradition vénérait comme l’œuvre du grand et pieux empereur Açoka. Le prince qui régnait au moment où Srong-btsan Sgam-po prenait le pouvoir était un soldat de fortune qui avait forcé l’entrée de la famille royale ; mais il avait aussi la réputation d’un savant versé dans la connaissance de la grammaire sanscrite. Il s’appelait Aṃçuvarman. L’orgueil du petit potentat, qui se piquait d’appartenir à la noble caste des kṣatriya, dut se plier à la plus infamante des mésalliances. Il céda sa fille en mariage à Srong-btsan Sgam-po. La princesse népalaise, devenue reine du Tibet, amena avec elle ses dieux, ses prêtres, toute sa cour ; bouddhiste zélée, elle eut bientôt fait de convertir son époux, d’élever des temples et des statues ; une cathédrale fut édifiée à Lhasa, sur le modèle, dit-on, du fameux monastère de Vikramaçīla au Magadha. La langue tibétaine, qui n’était encore qu’un parler barbare, se transforma par la volonté du despote pour exprimer les sentiments les plus délicats, les conceptions les plus abstruses de la doctrine bouddhique. Avant tout, il fallut la pourvoir d’un système d’écriture ; ce fut aussi au monde indien que Srong-btsan l’emprunta. Thon-mi Sambhoṭa fut envoyé en mission, les uns disent au Magadha, les autres, au Cachemire, pour en rapporter un alphabet ; il rencontra un brahmane complaisant qui lui apprit à écrire et l’aida à élaborer un alphabet adapté du sanscrit et susceptible de rendre les sons particuliers du tibétain. Les découvertes