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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/240

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réalisées depuis le commencement de ce siècle en Asie Centrale ont permis d’interpréter la légende en la corrigeant ; il est vraisemblable que l’alphabet tibétain ne sort pas directement d’un modèle tiré de l’Inde propre, mais qu’il imite un des alphabets d’origine indienne introduits en Sérinde par le bouddhisme, et notamment l’alphabet de Khotan. L’avenir montrera sans doute que la Sérinde a dès le début, concurremment avec l’Inde propre, exercé une influence décisive sur la formation de la culture tibétaine.

Fort de son alliance matrimoniale avec le Népal, qui lui a valu les ressources de la technique indienne, Srong-btsan Sgam-po ose se mesurer avec la puissance des T’ang, qui viennent de rendre à la Chine le prestige et la force qu’elle avait connus sous la dynastie des Han. La région de Koukou-nor et du Sseu-tch’ouan est un des points faibles de la frontière chinoise ; c’est le domaine des tribus turbulentes, indociles, toujours prêtes à se soulever contre une autorité imposée de trop loin. Srong-btsan y conduit une armée que les Annales chinoises évaluent à 200 000 hommes ; pour se retirer, il exige la main d’une princesse impériale de la famille des T’ang. T’ai-tsong dut s’incliner à son tour. La princesse Wen-tch’eng fut accordée, elle fut amenée en grande pompe, escortée d’une suite nombreuse. Aussi zélée pour le culte du Bouddha que la princesse népalaise, et soucieuse de servir les intérêts de l’empire chinois, elle s’employa par tous les moyens à introduire et à propager l’église bouddhique de la Chine sur les vastes domaines de son époux. Elle eut, elle aussi, sa statue sacrée du Bouddha, qui fit concurrence à l’image sacrée qu’avait apportée la fille d’Aṃçuvarman ; elle eut son église, édifiée dans le style chinois, elle eut ses docteurs et ses lettrés. Les Annales chinoises résument ainsi l’action de la princesse :