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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/254

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de la frontière chinoise au pays de l’Ouest, par les lignes d’oasis du nord et du sud ; elles partaient l’une et l’autre de la « Porte de Jade » (Yu-men kouan), dans le voisinage de Touen-houang (Cha-tcheou). La décadence et la fin des premiers Han ramènent l’anarchie séculaire, chaque oasis a son roi, ses intrigues, ses crimes de palais ; chaque petit potentat, jaloux de ses voisins, aspire à les soumettre et à les supplanter ; chacun fait appel au concours des grandes puissances qui se disputent la prépondérance, soit aux Hiong-nou qui redressent la tête, soit aux Ta Yue-tche qui dominent sur l’Oxus et l’Indus. Tous états minuscules qui vivent de l’agriculture et s’enrichissent du trafic des soies ; Khotan ne compte que 3 300 familles, 19 300 habitants, 2 400 soldats ; Kachgar, 1 510 familles, 8 647 habitants, 2 000 soldats ; Koutcha, qui revendique la suprématie, 6 970 familles, 81 317 âmes, 21 076 soldats pour l’ensemble de l’état. Sous les Han postérieurs, vers la fin du ier siècle après l’ère, un général, Pan Tch’ao, diplomate et tacticien de génie, joue des rivalités locales pour restaurer le pouvoir de la Chine ; les Ta Yue-tche, qui ont envoyé une grande armée à travers le Pamir, sont battus. Koutcha devient le siège du protectorat chinois (91 apr. J.-C.). Mais l’œuvre de Pan Tch’ao est éphémère ; son fils Pan Yong ne réussit à en sauvegarder qu’une partie. De 150 à 350 environ, la Sérinde reste en dehors de l’horizon chinois. Dans le conflit des dynasties qui se disputent l’Empire du Milieu et qui le dépècent, la dynastie des premiers Tsin (265-316) s’oriente à nouveau vers l’Asie Centrale ; la grande dynastie des Wei septentrionaux (386-534), d’origine tartare, maintient et resserre le contact. Mais au vie siècle, les