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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/255

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Hephthalites, d’origine turque, qui ont ressuscité à leur profit l’empire des Kouchans à l’ouest du Pamir, réclament la suzeraineté sur toute la Sérinde jusqu’à Karachar ; les Turcs T’ou-kiue, vainqueurs des Hephthalites, créent à leur tour, après 550, un grand pouvoir qui ne tarde pas à se scinder en deux groupes antagonistes : Turcs septentrionaux et Turcs occidentaux. La dynastie des Souei (581-618), qui vise à rétablir la suprématie chinoise en Sérinde, s’applique à exploiter cette rivalité ; elle n’aboutit qu’à sa propre ruine ; les Turcs Occidentaux, sortis vainqueurs d’un long conflit, dominent depuis Tourfan jusqu’aux bords de l’Indus ; c’est sous leur protection que le pélerin Hiuan-tsang traverse toute l’Asie Centrale aux environs de 630. Bientôt les T’ou-kiue doivent céder la place aux T’ang, qui rendent à la Chine les jours glorieux des Han ; les armées de T’ai-tsong occupent Tourfan en 640, Karachar en 644, Koutcha en 648. Kao-tsong parachève l’œuvre. En 657, la Chine, après une série de victoires écrasantes, s’annexe tout le territoire des Turcs Occidentaux, qu’elle organise en protectorats : Koutcha devient le siège du protectorat de Ngan-si qui s’étend non seulement sur les « Quatre Garnisons » (Koutcha, Khotan, Kachgar et Karachar) autrement dit sur la Sérinde tout entière, mais encore sur le Tokharestan avec ses dépendances méridionales, jusqu’à l’Inde et la Perse. Dès 670, les Tibétains ont remplacé les Chinois à Khotan, à Kachgar, à Koutcha ; en 705, les Arabes entrent en Sogdiane. La Chine fait des efforts désespérés pour se dégager d’une double étreinte qui lui ferme la voie de terre vers l’Occident ; elle intrigue avec le Kapiça, avec le Cachemire. En 747, le général Kao Sien-tche réussit à conduire une