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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/259

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fections qu’un moine de l’Inde, Prājña, avait traduit en chinois avec la collaboration d’un moine chrétien, Adam, Iranien d’origine ; un décret impérial exclut du Canon cette production trop suspecte.

Les arts n’étaient pas moins cultivés que les lettres dans ces oasis dispersées. Le long des deux routes du Nord et du Sud se dressent encore des ruines de grands stūpa ; les fouilles ont révélé la richesse et la variété de la décoration qui les embellissait jadis ; la statuaire avait multiplié les images ; la peinture avait couvert les surfaces de fresques éclatantes où une technique savante des couleurs se met au service des vastes compositions ordonnées avec un goût admirable. Surprenantes par leur valeur, ces œuvres d’art le sont plus encore par les évocations qu’elles suscitent. Les types, les draperies se soudent à l’art hellénique ou hellénistique par l’intermédiaire du Gandhāra et de la Bactriane, et présagent l’art des Wei qui donne tant de chefs-d’œuvre à la Chine du cinquième au sixième siècle. Et les fresques se relient de même à Pompéi, à Ajanta, en même temps qu’aux décors sassanides et aux mosaïques byzantines. C’est un art qui prend partout sans perdre son inspiration propre ; il ne se cantonne pas dans les palais ou les couvents ; il marque tout de sa fantaisie et de son invention ; partout on retrouve en quantité des figurines de terre, jouets d’enfants, objets domestiques où l’élégance classique se marie au pittoresque oriental ; le mobilier, de bois, était traité avec le même amour. Pour la musique enfin, la Sérinde n’était pas moins douée ; ici encore, la technique avec son vocabulaire et aussi les premiers maîtres étaient venus de l’Inde ; ici encore, la Chine avait recueilli par transmission le savoir hindou.