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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/258

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ou de l’époque secondaire, formules magiques (dhāraṇī), poèmes (Buddhacaritaetc.), drames (Çāriputra-prakaraṇa d’Açvaghosa, etc.), traités médicaux. Les voyageurs chinois, étudiants, pélerins, fonctionnaires, recherchaient ces copies pour les rapporter dans leur patrie, soit comme de pieuses curiosités, soit pour y être traduites en langue chinoise, soit encore pour améliorer par collation les textes déjà connus. Les couvents japonais nous ont conservé un dictionnaire sanscrit-chinois composé par un moine d’un couvent de Koutcha. Mais on ne se bornait pas dans les couvents de la Sérinde à copier, à lire, à étudier les ouvrages sacrés ou profanes venus du dehors. Le bouddhisme, fidèle à son inspiration primitive, avait utilisé pour sa propagande les parlers indigènes ; on traduisait les textes saints avec une fidélité littérale ; nous disposons de véritables « mot à mot » qui servent de base à nos déchiffrements comme ils avaient autrefois servi de base à l’enseignement. Souvent aussi on adaptait les originaux en prose ou en vers, selon le cas. Mais on n’hésitait pas à donner aussi des productions originales ; dans bien des cas, sans doute, il se peut que l’original sanscrit nous soit inconnu et nous reste inconnu ; mais un genre littéraire, tout au moins, se décèle comme franchement local : ce sont les yātrā, ces « mystères » joués à l’occasion des grandes fêtes religieuses, au cours des processions qui déroulaient leur faste artistique de couvent à couvent, à travers les grandes villes. Enfin la confusion des races et des confessions y faisait surgir aussi des productions moins honorables, des textes remaniés, altérés, ou même forgés de toutes pièces, qui choquaient l’orthodoxie et provoquaient parfois des répressions sévères : tel ce prétendu sūtra sur les Six Per-