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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/261

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faite de son vivant sur l’ordre du roi Udayana de Kauçāmbī, et venue à travers les airs. Le couvent a 300 moines ; les statues, les édifices sont nombreux. Les oriflammes et les dais de soie brodée qui sont suspendus là se comptent par myriades. »

Un siècle plus tard, en 629, Hiuan-tsang suit la route de Karachar, Koutcha ; en 643-644, au retour, il prend l’itinéraire Kachgar-Khotan-P’i-mo. Dès Kharachar, le Chinois se sent dans un monde hindou : l’écriture est empruntée à l’Inde avec peu de modifications ; la doctrine des livres sacrés et les règles de la Discipline (Vinaya des Sarvāstivādin) sont les mêmes que celles des Indiens ; c’est dans les livres de l’Inde même que les étudiants les apprennent. La discipline est observée avec une pureté sévère et un zèle persévérant. À Koutcha, où on emploie l’écriture de l’Inde, où cinq mille religieux chastes et purs lisent les règles de l’Inde dans les textes originaux, le Chinois passionné pour l’étude de l’école du Yoga se heurte à un vieux moine hostile à cette doctrine, Mokṣagupta, qui a voyagé vingt ans dans l’Inde et qui y a étudié la science grammaticale. Obligé par une invitation impérieuse du Kagan des T’ou-kine de remonter au nord du T’ien-chan vers l’Issyk-koul, et de traverser la Sogdiane, il ne retrouve le bouddhisme qu’au pays de Ta-mi (Termez, sur l’Oxus) ; il a eu du moins la satisfaction de gagner des conversions à Samarcande. À Bactres, le bouddhisme est encore en pleine prospérité, avec une centaine de couvents. Le fameux « Couvent Neuf » (Nava-vihāra, Nau-hibar) est un foyer d’étude et de science. Le haut Oxus, jusqu’à sa source, est pays bouddhique ; le versant oriental du Pamir est pays bouddhique. Le Grand Véhicule y domine ; dans