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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/33

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durées de règne portait vers l’an 2000 av. J.-C., débutait par un prince du nom de Candragupta. William Jones y reconnut par une sorte de divination le personnage désigné chez les historiens classiques des campagnes d’Alexandre sous le nom de Sandracottos, Andracottus, etc. Toutefois deux chroniques locales ont pu être conservées et tenues à jour, deux exceptions, aux extrémités du monde indien, la vallée du Cachemire et l’île de Ceylan, isolées l’une par la montagne, l’autre par la mer.

Il serait long, compliqué, et peut-être vain d’expliquer par quel invraisemblable travail de patience l’histoire ancienne de l’Inde se constitue peu à peu ; nulle part on ne rencontre de cas analogue. Des suites de siècles à ressusciter, sur une étendue de territoire immense, sans l’appui du moindre cadre d’ensemble ; une poussière impalpable de principautés féodales qui sortent un instant de l’ombre pour y rentrer aussitôt, comme ces corpuscules qu’on voit danser dans un rayon de soleil ; le hasard d’une trouvaille locale : inscriptions, monnaies, manuscrits, pousse brusquement au premier plan un groupe de princes ignorés la veille encore. Deux indications suffiront pour marquer sommairement la condition de nos recherches : des exemples de grammaire, tels que ceux de notre Lhomond, servent à échafauder des systèmes de chronologie ; un grand roi, dont le règne est un moment décisif dans le développement de la littérature, de la religion, de l’art, Kaniṣka, flotte encore au gré des combinaisons entre le ier siècle avant l’ère chrétienne et le iiie siècle après l’ère.

Dans cette pénurie de dates, l’histoire doit se réduire modestement à des formes rudimentaires. Sur d’autres