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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/48

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mat refuse de traverser l’avant-dernier des cinq cours d’eau du Penjab, l’Hyphase (Vipāç, le Bias). Candragupta, confiant, attend son heure. Il a rencontré un brahmane de sa trempe, rompu aux traditions de l’art politique, maître d’intrigue et de complots, aussi brave qu’insinuant, aussi violent que souple, Cāṇakya, en qui l’Inde admire son Machiavel et son Richelieu. Le conte et le théâtre indiens ont immortalisé ce couple. Seule, comme toujours, l’histoire se tait. Les bandes que le départ d’Alexandre a laissées sans emploi, auxiliaires ou adversaires (un peu au hasard) du Macédonien, instruits et disciplinés par deux années de guerre savante, où le génie et la valeur ont ruiné l’antique foi dans la force du nombre, aspirent au chef qui les prendra en main. Candragupta s’offre, il est acclamé. En 317, le dernier soldat grec avait évacué le Penjab. Douze ans après, en 305 quand Seleucus, maître de Babylone et de la Syrie, arrive sur l’Indus pour recommencer Alexandre, il trouve devant lui, au lieu des Taxile et des Porus, et des peuplades sans cohésion, un immense empire qui commande les deux deltas et va d’une mer à l’autre. Candragupta dispose de 600 000 fantassins, de 30 000 cavaliers, de 9 000 éléphants. Seleucus n’insista pas ; il consentit aux sacrifices nécessaires, rendit au Maurya les territoires en deçà de l’Indus qu’Alexandre avait détachés des satrapies indiennes de Darius et conclut avec lui une alliance matrimoniale qui sans doute introduisit une princesse grecque dans le harem du Maurya. L’Inde débordait à l’Ouest sur l’Iran, passait au rang des grandes puissances du monde, poussait des avant-gardes au contact de l’Asie hellénisée. On recherche ses faveurs. La