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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/49

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Syrie a un ambassadeur permanent en résidence à Pāṭaliputra, promue capitale de l’empire Maurya : d’abord Mégasthène, puis, sous le fils de Candragupta, Daimachus. L’Égypte alors entre en lice ; Ptolémée Philadelphe envoie Dionysius. Le petit-fils de Candragupta, Açoka, connaît les noms des souverains grecs jusqu’à l’Épire, sur la lisière de la zone d’influence romaine.

La fortune de Mégasthène est prodigieuse. Employé sous les ordres d’un satrape sans gloire, Sibyrtius, dans la province d’Arachosie (Kandahar) que Seleucus avait dû abandonner, porté par ses mérites ou par le hasard plus puissant à un poste diplomatique de création nouvelle, au fond d’une contrée encore presqu’inconnue, il sut voir, observer, comprendre, noter ; ses rapports, qui couraient chance de moisir, dédaignés, dans les archives de la chancellerie séleucide, ont durant quinze cent ans et davantage fourni à l’Occident le stock essentiel de ses connaissances sur l’Inde. Son ouvrage, les Indika, est perdu ; mais on le trouve partout, cité ou copié, chez Strabon, chez Pline, chez Arrien et tant d’autres encore. Et c’est justice. Cinq cents années de relations suivies entre l’Inde et l’Occident ne lui ont donné ni rival, ni successeur. Et ses fragments, tout mutilés qu’ils sont, redisent la grandeur, la prospérité, la sage ordonnance de l’Inde qu’il a connue. Sa géographie couvre toute l’Inde, avec Ceylan, provinces, nations, rivières, montagnes, aspects curieux de la terre ou du ciel, il recueille tout, — et trait plus surprenant encore dans cet étrange pays — il trouve des informateurs capables de l’instruire. Il a voulu, dans cette terre de rêve, connaître l’histoire, — les brahmanes complaisants n’ont guère pu que lui