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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/63

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tre ; maître de l’Asie antérieure depuis l’Hellespont jusqu’à la Palestine, il s’achemine lentement, comme dans une marche solennelle vers les satrapies perdues à l’Orient ; il pénètre dans la capitale des Parthes, Hekatompylos, oblige Artaban à le reconnaître pour chef et suzerain. Euthydème s’enferme dans Bactres, où Antiochus vient l’assiéger. Par bonheur pour lui, un de ses concitoyens de Magnésie se trouvait dans l’entourage d’Antiochus, il plaide la cause d’Euthydème : « Le royaume bactrien est une digue que la Syrie est intéressée à consolider ; sans un souverain hellénique dans ce pays, il débouchera des steppes une irruption qui « barbarisera (ἐκβαρβαρωθήσεσθαι) sans aucun doute la région » (Polybe). Antiochus qui ne se souciait pas de s’éterniser dans une contrée difficile, loin du centre de ses états, se laisse convaincre. Le charme personnel de Démétrius, fils d’Euthydème, triomphe des dernières hésitations d’Antiochus. Il investit Euthydème à titre officiel comme roi de Bactriane, promet une de ses filles en mariage à Démétrius, et se hâte de passer l’Hindou-Kouch pour achever sur les bords de l’Indus sa tournée triomphale (le digvijaya des épopées et des panégyriques sanscrits). Açoka est mort depuis une vingtaine d’années ; son empire est tombé en décomposition sous sa descendance impuissante. Antiochus traite avec un roi mystérieux Sophagasenus (transcription fidèle d’un nom sanscrit : Subhagasena), « renouvelle » amitié avec lui, reçoit 150 éléphants, des provisions, la promesse d’un tribut (206) et se retire par l’Arachosie (vallée de Helmend), la Drangiane (Seistan) et la Carmanie. C’est la dernière fois qu’un Séleucide a mis le pied sur le sol hindou ; Antiochus