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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/83

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à l’existence, qui prêche le renoncement, le détachement, l’inertie, et en même temps une compassion fraternelle qui s’étend à la nature entière, qui englobe dans le même amour l’homme et la bête fauve, qui veut à tout prix travailler au salut. Les divinités, tout comme les systèmes philosophiques, sont au total la somme de ces contradictions ; c’est par là qu’ils étonnent, qu’ils choquent ou qu’ils captivent. Et pour les propager l’Inde avait créé un organe qui lui est propre, la confrérie, l’église militante, arrivée à sa perfection dans communauté bouddhique des moines et des nonnes. On a beaucoup écrit pour et contre la parenté du christianisme originel avec la religion du Bouddha ou de Kṛṣṇa. Ces discussions, qui risquent de troubler et de froisser le fond le plus délicat des consciences, doivent pour garder la gravité qui s’impose, rester à l’écart du grand public, à l’abri des passions et des préventions dans la mesure que comporte la nature humaine. Le problème néanmoins existe, et, si l’Occident voulait l’oublier, l’Orient qui sait aujourd’hui revendiquer ses titres de noblesse ne manquerait pas de le lui poser. Je n’ai pas eu la prétention de réunir dans ce tableau, trop court et trop long à la fois, tous les échanges signalés ou soupçonnés entre la Grèce et l’Inde. J’ai négligé, pour le moment tout au moins, des questions capitales comme la question des origines grecques de l’alphabet indien, la question des fables, etc. D’autre part, il est vrai, j’ai introduit dans cet exposé des problèmes que le respect de chronologie aurait dû réserver pour plus tard. Les relations de l’Inde avec la Grèce, loin de s’arrêter avec la chute des rois indo-grecs, se prolongent sans arrêt jusqu’aux