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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/86

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le Danube par les avancées de la civilisation grecque, sur l’Iaxarte par l’empire des Perses ou de leurs successeurs, trouvait dans le bassin du Tarim et du Hoang-ho des terres cultivées et des villes à piller, quand il leur prenait fantaisie d’opérer des razzias sous un ciel moins sévère. Brusquement, la Grande Muraille s’élève et brise le flot qui déferlait ; la marée humaine s’obstine d’abord à frapper l’obstacle ; impuissante à en triompher ; elle va chercher ailleurs le point de moindre résistance qui lui permettra de passer. Elle le trouve d’abord entre le Pamir et la Caspienne, l’Iran et l’Inde manquent d’en être submergés. Puis, quand l’empire romain fléchira, l’Europe à son tour connaîtra l’horreur sinistre et féconde des invasions barbares. Avant la tourmente, l’Inde était au bout du monde ; la tempête passée, l’Inde va se trouver au carrefour de l’Asie, sur les grandes routes de la terre et de la mer.

Après la Perse de Darius, après la Grèce d’Alexandre, après l’Inde de Candragupta, la Chine avait à son tour réalisé l’unité impériale, dans la seconde moitié du iiie siècle avant l’ère chrétienne, sous la main brutale d’un Pierre le Grand poussé jusqu’au paroxysme, Ts’in che Houang-ti (247-210). Monté sur le trône de la principauté de Ts’in à l’âge de douze ans, il avait, vingt-six ans plus tard, anéanti l’antique régime féodal consacré et idéalisé par l’enseignement de Confucius ; il était maître d’un empire unique qui s’étendait du Plateau mongol jusqu’au Tonkin, et de la Grande Muraille jusqu’à la mer Jaune. Dans sa volonté inflexible d’abolir le passé, il alla jusqu’à prescrire sous peine de mort la destruction de toute la littérature ancienne, à l’exception des traités d’agriculture, de