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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/90

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tuèrent cinq grandes principautés. Grecs et Parthes avaient dû faire les frais de ces conquêtes. Le roi parthe Phraate II (136-127) avait été tué par les auxiliaires scythes à sa solde ; son successeur Artaban II perdit la vie en combattant contre les Tochares (124) qui sont probablement les Ta Yue-tche du Ta-hia. Mithridate le Grand (124-89) semble reconnaître le fait accompli à l’est de son royaume en orientant sa politique vers l’Asie antérieure où il se rapproche des Romains pour faire échec aux ambitions de Mithridate de Pont et de Tigrane d’Arménie. Les campagnes des rois grecs le long du Gange et le long de la mer ne sont probablement qu’une poussée pour se donner de l’air vers l’Orient quand l’Occident se fermait sur eux. Ménandre a sa capitale en plein Penjab ; Bactres a sans doute passé en d’autres mains.

La Chine, repliée sur elle-même depuis la mort de Ts’in che Houang-ti, s’était tenue à l’écart de ces bouleversements. Mais en 140 Wou ti inaugure un règne de cinquante-quatre années qu’il est permis de comparer au règne de Louis XIV pour la longue suite des succès militaires, des succès diplomatiques et des grands noms de la littérature. Instruit des événements qui s’étaient si rapidement déroulés au nord de l’empire, Wou ti combine un plan ingénieux ; il essaiera d’exciter chez les Yue-tche le désir de la revanche, en leur promettant l’appui de la Chine, et de nouer une alliance avec les Wou-souen. Un fonctionnaire, Tchang K’ien, qui ouvre triomphalement dans l’histoire la liste des grands explorateurs, accepte de partir en mission. Accompagné d’un esclave et d’un personnel de cent hommes, il s’achemine vers l’ouest. Les Hiong-nou guettent le