Aller au contenu

Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passage, ils le surprennent, mais se contentent de le retenir prisonnier. Il reste dix ans au milieu d’eux, s’y marie, a des enfants ; il attend patiemment l’heure de poursuivre son dessein. Enfin, dès qu’il peut gagner la frontière occidentale du territoire des Hiong-nou, il s’échappe et par une course de plusieurs dizaines de jours il arrive au Fergana (Ta wan). Le roi du Fergana, qui connaît de réputation la richesse extraordinaire de la Chine, se laisse séduire par la promesse de magnifiques présents impériaux ; il procure à Tchang K’ien des guides, des interprètes pour le conduire au pays de Samarcande (K’ang-kiu), d’où, par les mêmes procédés, il réussit à atteindre les Ta Yue-tche. Mais il ne trouve pas chez eux les sentiments qu’il avait escomptés. « Le pays qu’ils habitaient maintenant était riche et fertile ; le brigandage y était rare, le peuple paisible et heureux. Ils n’avaient pas la moindre intention de tirer vengeance des Hiong-nou. » Le Midi avait fait son œuvre sur ces enfants du Nord. Après un an de pourparlers stériles, l’envoyé chinois s’en retourne, cette fois par la route du sud, en longeant le pays tibétain. Les Hiong-nou ne l’en cueillent pas moins au passage, il reste un an leur prisonnier ; le chan-yu vient alors à mourir, la succession provoque des troubles. Tchang K’ien en profite pour se sauver avec sa femme barbare et le fidèle esclave qui l’avait suivi depuis son départ. Il rentre en Chine après une absence de treize ans, en 126. Les armées chinoises, sous la conduite de grands généraux tels que Li Kouang, Ho K’iu-ping, menaient alors de rudes campagnes contre les Hiong-nou. Les renseignements donnés par Tchang K’ien sur les puits, les sources, les pâturages valurent à la