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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/96

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de la civilisation iranienne, de la civilisation hellénique, de la civilisation indienne. Le roi de Tien avait eu l’insolence de demander aux explorateurs chinois qu’il retenait captifs : « Le royaume des Han serait-il donc plus grand que le nôtre ? ». La réponse ne tarda guère : en 111, le Nan Yue (Yue du sud, le Kouang-tong) et le Tong Yue (Yue de l’Est, le Fou-kien) étaient conquis ; en 109, c’était le tour du Lao-chen, du Mi-mo (dans le Sseu-tch’ouan) et du Tien (Yun-nan). À l’autre bout de l’empire, sur la branche septentrionale de l’immense tenaille où Wou ti croyait saisir le monde occidental (Si yu), le petit royaume de Leou-lan [Chan-chan], voisin du Lop-nor, qui commandait les passages et qui se croyait assez couvert par la protection des Hiong-nou pour braver impudemment la Chine, subissait une défaite écrasante. Les Wou-souen, les Ta wan épouvantés se hâtaient d’envoyer des ambassades.

Les chemins étaient ouverts ; les échanges se multiplièrent avec une rapidité qui surprit même les contemporains. Je laisse la parole à Sseu-ma Ts’ien, ce n’est pas seulement un hommage légitime dû au père de l’histoire en Chine : pour l’indianiste, c’est aussi l’occasion d’un rapprochement douloureux avec l’Inde qui ne sait rien de son passé. Le contraste explique nos incertitudes, excuse nos erreurs. « Les relations de la Chine avec les pays du nord-ouest commencèrent dans ce temps-là, et c’est à Tchang K’ien que revient le mérite d’avoir ouvert la route. Les envoyés qu’on adressait en succession à ces pays parlaient tous du marquis de Po-wang (le titre décerné à Tchang K’ien) ; c’était le passeport qui les recommandait à la faveur des royaumes étrangers, et les nations étrangères les accueil-