Page:Lévi - La Doctrine du sacrifice dans les Brâhmanas.djvu/15

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leur autonomie et formèrent une classe spéciale d’ouvrages. Les écoles qui avaient fondu en une seule compilation les formules et l’exégèse traditionnelle profitèrent du type nouveau qui s’était créé pour réparer leurs lacunes ou leurs omissions : l’école du Taittirîya-Veda compléta sa Samhitâ déjà close par l’addition d’un Brâhmana indépendant. Tels que nous les avons reçus, les Brâhmanas en général portent encore les traces manifestes de leur formation graduelle. Le Çatapatha-Brâhmana comprend au total quatorze livres ; les neuf premiers (sauf une exception naturelle au début de l’ouvrage) sont strictement parallèles à la Samhitâ ; les cinq derniers s’en détachent ou n’y reviennent que par intervalles, et substituent à une exposition continue des reprises, des récapitulations et des spéculations mystiques ; ils semblent évidemment former un groupe à part, et de fait, le livre XII porte comme titre particulier Madhyama, le central ; désignation injustifiable, si on ne considère pas le livre X comme le début d’une compilation spéciale, qui s’achève au livre XIV. Dans le groupe I-IX, les cinq premiers livres se distinguent nettement des quatre autres : Yajñavalkya est cité comme l’autorité par excellence dans les premiers ; Çândilya occupe la même place dans les derniers. Si on étudie les variations d’une des formules caractéristiques qui traversent le Brâhmana entier (lutte des dieux et des Asuras, par exemple), la classification des divergences donne des résultats identiques. Cependant le compilateur de l’œuvre définitive a su lui donner une apparence d’unité en semant çà et là des renvois qui rappellent les questions déjà traitées ou qui annoncent des développements ultérieurs. La critique perspicace de M. Weber s’est exercée avec le même succès sur l’Aitareya-Brâhmana ; les seize derniers adhyâyas de