Page:Lévi - La Doctrine du sacrifice dans les Brâhmanas.djvu/14

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traités ; mais elle en montre à la fois la variété et le caractère commun. Les Brâhmanas sont les observations des docteurs versés dans la science sacrée (brahmavâdino vadanti). Les textes de la littérature védique permettent de suivre par étapes révolution des Brâhmanas : les écoles du Yajur-Veda Noir ont conservé dans un seul recueil les Mantras et les Brâhmanas ; destinées aux prêtres qui étaient chargés des manipulations rituelles, leurs compilations prennent pour base les rites ; sans s’imposer un ordre logique, sans adopter un cadre uniforme, volontiers sinueuses et fantaisistes en leur allure, elles choisissent un certain nombre de sacrifices essentiels ou typiques, indiquent les formules à connaître, puis en marquent la raison d’être ou l’application pratique. Le Brâhmana fait corps avec la Samhitâ, chaque groupe de formules traîne à sa suite les remarques indispensables. Le Yajur-Veda Blanc, au contraire, a dégagé les Brâhmanas de la Samhitâ ; il a rassemblé d’une part toutes les formules, d’autre part toute l’exégèse ; mais les deux éléments qu’il a isolés n’en continuent pas moins de se correspondre régulièrement. Le Brâhmana suit le plan de la Samhitâ et respecte scrupuleusement l’ordre même des vers. Les Brâhmanas du Rg-Veda et du Sâma-Veda n’avaient pas besoin de se plier aux mêmes exigences ; les rôles du récitant et du chantre, si compliqués qu’ils fussent, ne leur imposaient pas la même initiative et la même connaissance des détails ; sans rester étrangères à la pratique rituelle, leurs Samhitâs en avaient cependant tenu peu de compte lorsqu’elles s’étaient constituées. Obligés par leur nature même de se fonder sur le rituel, les Brâhmanas du Rg-Veda et du Sâma-Veda s’affranchissent résolument du plan de leurs Samhitâs respectives et suivent leurs voies propres. Les Brâhmanas conquirent ainsi