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LE NÉPAL


Kirâtas s’était divisée en principautés ; mais fatigués peut-être de s’épuiser à des rivalités stériles, instruits peut-être par l’exemple de l’Inde voisine, ils s’organisèrent en confédération, comme les Mallas ou les Vṛjjis du pays aryen, et forts de leur union ils fondèrent un empire qui déborda sur la plaine au Sud, s’étendit vers la mer jusqu’au delta du Gange, imposa son souvenir à l’épopée hindoue, tandis qu’à l’Ouest leur expansion triomphante arrachait le Népal aux rois bergers. La Vaṃçâvalî enregistre une longue série de rois Kirâtas de qui les noms barbares semblent porter un cachet d’authenticité. C’est au cours de cette période que le Bouddha d’abord, l’empereur Açoka ensuite auraient visité le Népal. Pris à la lettre, les deux faits sont au moins douteux, sinon improbables ; ils expriment toutefois une part de vérité. Le bouddhisme était né au pied des montagnes népalaises, au débouché des routes qui mènent du Népal aux plaines, sur les confins du monde aryen ; l’Himalaya tout proche a pu tenter les premiers apôtres, impatients de propager les paroles du salut. Et plus tard, vers 250 av. J.-C., quand Açoka entreprit son pieux pèlerinage aux lieux saints, sa route, reconnaissable encore aux piliers qu’il dressa, le conduisit au moins dans cette sorte de zone mixte où le montagnard népalais rencontre l’Hindou des plaines.

Soutenu par la puissance du grand empereur bouddhiste, ou seulement par son propre zèle, le missionnaire du bouddhisme avait pris pied au Népal. L’Inde y montait avec lui. Sous l’influence de la religion nouvelle, les grandes familles cherchaient à se rattacher par des liens ou fictifs ou réels à la noblesse bouddhiste de l’Inde ; une d’entre elles gagna assez de crédit pour renverser les Kirâtas, un siècle environ après l’ère chrétienne, et pour fonder une dynastie qui devait durer près de huit siècles. Les successeurs des Kirâtas se prétendaient issus du clan Liččhavi qui domi-