représenter les intérêts des résidents népalais ainsi que d’observer les affaires et les intrigues locales. Du côté de l’Inde, on a pu deviner leur main dans les machinations ourdies contre le pouvoir britannique, mais rien ne l’a dénoncée ; en 1857 quand la révolte des Cipayes semblait augurer la chute du régime anglais, ils ont mis au service du gouverneur général près de dix mille hommes de troupe qui ont contribué à éteindre la rébellion ; leur loyalisme ou tout au moins leur clairvoyance a reçu comme paiement plusieurs des riches districts du Téraï perdus en 1816.
C’est à l’intérieur de leurs frontières que les Gourkhas ont surtout, depuis la conquête, dépensé leur énergie ; l’organisation d’un nouvel empire en a réclamé la plus grande partie ; les intrigues de palais ont consommé le reste. En vertu de la loi fatale qui pèse sur les dynasties asiatiques, les héritiers de Prithi Narayan appartiennent plus à la pathologie qu’à l’histoire, dégénérés de types divers, nerveux, irritables, sanguinaires, impulsifs, alcooliques, érotiques, idiots ; une longue série de minorités laisse l’enfant-roi sous la tutelle redoutable d’un oncle, d’une mère ou d’un ministre jaloux du pouvoir, intéressés à prolonger jusqu’à l’épuisement prématuré les débauches précoces du souverain. Le roi fainéant fait le maire du palais. Deux clans, les Thapas et les Panrés, se sont disputé l’autorité réelle ; tous deux se sont montrés dignes de l’exercer. Damodar Panré et son père Amar Singh comptent parmi les gloires militaires des Gourkhas, chez qui la bravoure est pourtant banale. Depuis le commencement du XIXe siècle, les Thapas ont réussi à garder presque constamment le pouvoir ; Bhim Sen (Bhîmasena) se maintint plus de trente ans dans les fonctions de premier ministre ; tombé brusquement en disgrâce, il fut jeté dans les fers, et se trancha la gorge dans sa prison. Son neveu, Jang Bahadur,