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CHAPITRE IX

Comme la combustion s'apaise au fer, et les ténèbres à la vision : cette Pacification n’est point existence, puisqu’elle a pour Indice la non-existence de la combustion et des ténèbres ; elle n’est point non-existence, puisqu’elle existe en tant qu’elle a pour Indice la Pacification. Ainsi, dans la connaissance de la Pensée chez les Bouddhas, la Pacification de l’Amour et de l’Inscience[1], qui correspondent à la combustion et aux ténèbres, n’est pas canoniquement déclarée existence, puisqu’elle a pour origine la non-existence de l’Amour et de l'Inscience, par suite de la Libération d’État d’Esprit et de Sapience ; elle n’est pas déclarée non-existence, puisqu’elle existe en tant qu’elle a pour Indice telle ou telle Libération.

26. Dans le Plan sans tache, il n’y a ni unité des Bouddhas ni pluralité, car ils n’ont pas de corps, tout comme l’espace, et ils ont eu antérieurement des corps.

Dans le Plan Sans-Ecoulement, il n’y a pas unité des Bouddhas, puisqu’ils ont eu antérieurement des corps ; il n’y a pas pluralité, puisqu’ils n’ont pas de corps, tout comme l’espace.

27. Quant aux Idéaux des Bouddhas, Forces etc., l’Illumination est comparable à une mine de joyaux ; quant aux moissons de Bien du monde, elle est comparable à un grand nuage.

28. Comme elle est bien pleine de Mérites et de Connaissances, elle est comparable à la pleine lune ; comme elle produit la Clarté de la Connaissance, elle est comparable au grand soleil.

  1. Avidyâ. La traduction ordinaire : « ignorance » me semble fausser entièrement l’idée. L'ignorance est essentiellement une condition subjective. L’avidyâ a une existence objective ; elle figure même au premier rang dans la série des douze données-causales du Pratitya-samutpâda. Vidyâ, c’est la science, localisée dans son objet propre. Les cinq « lieux-de-science » vidyâsthâna sont énumérés XI, 60. Avidyâ, c’est ce qui n’est pas la science, ce qui est en dehors de la science ; aussi peut-on dire que « l’avidyâ, c’est la bodhi » (XI, 32) puisque dans l’une comme dans l’autre il n’y a pas dédoublement du sujet et de l’objet ; l’une et l’autre constitue un état d’unité, soit par unification, soit par suppression des deux termes. Toutefois, en projection sur le plan de l’esprit, l'avidyâ constitue un dharma de la série de souillure (kleça-mahâbhûmika), avec râga, pratigha, mâna, dṛṣṭi, et vicikitsâ « amour, répulsion, sentiment-personnel, vue, scepticisme ».