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INTRODUCTION

permet d’affirmer que son activité couvre toute la première moitié du ve siècle, en débordant de part et d’autre sur les deux extrémités de cette période. Le témoignage de Paramârtha n’est donc postérieur que d’un siècle ; il mérite à ce titre une attention spéciale. Hiuan-tsang atteste l’état de la légende cent ans plus tard, dans l’Inde même. Târanâtha utilise toute la littérature hagiographique d’un millénaire, enrichie encore par les inventions pieuses des Tibétains.

[P.] Asaṅga est originaire du Gândhâra, de la ville de Puruṣapura, la moderne Péchaver. Il naît sur les confins du monde hindou, à la lisière du monde hellénique, iranien et turc, dans ce carrefour des nations où viennent converger toutes les voies d’accès vers l’Inde. Son père est un brahmane du clan Kauçika. Le futur Asaṅga est d’abord connu sous le nom de Vasubandhu ; ses deux frères puînés reçoivent aussi ce nom ; le cadet était destiné à se l’approprier glorieusement dans la mémoire des hommes. Les trois frères entrent dans les ordres, et adhèrent à l’école bouddhique des Sarvâstivâdins. L’aîné se voue à la méditation et se libère du désir. Mais il scrute en vain la doctrine de la vacuité, il n’arrive pas à la comprendre ; il est déjà près de se tuer quand l’arhat Piṇḍola s’aperçoit de son désespoir et accourt du lointain Pûrva-Videha pour le réconforter. Instruit par Piṇḍola, il pénètre la doctrine du Petit Véhicule, mais il n’y trouve pas de satisfaction. Il utilise alors les pouvoirs surnaturels du Petit Véhicule pour s’élever au ciel Tuṣita où réside le Bodhisattva Maitreya ; il l’interroge, et reçoit de lui la doctrine de la vacuité selon le Grand Véhicule. Revenu sur la terre, il médite sur cet enseignement ; un sextuple tremblement de la terre signale enfin qu’il a compris le mystère. Désormais il porte le nom d’Asaṅga. Il continue à se rendre auprès de Maitreya pour le consulter, avec l’espoir de propager la doctrine ; mais les hommes refusent de se laisser convaincre. Asaṅga supplie alors Maitreya de descendre lui-même sur la terre. Le Bodhisattva descend la nuit, dans des torrents de lumière, fait réunir une

    [— Je désignerai dans la suite ce travail par Wogihara (1908)] — signale et résume (p. 14) les principaux travaux. Il montre avec raison que certaines œuvres d’Asaṅga, portées dans les catalogues chinois sous le nom de Maitreya (cf. inf. p. VII) ont échappé par là aux critiques les plus récents. Une de ces œuvres a été partiellement traduite en chinois entre 414 et 421.