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INTRODUCTION

autrui, et entreprendre son œuvre propre, la permaturation des créatures. Il passe ensuite à la « sapience » (prajñâ), et s’y forme tout d’abord, dans la quatrième Terre. la Radieuse, par l’exercice des vertus, des puissances et des savoirs qui constituent les Ailes de l’illumination (bodhipakṣa) grâce à elles il consume l’obstruction de souillure et l’obstruction de connaissable, et il peut alors librement dévier par « perflexion » (pariṇâmana) ces Ailes d’illumination vers la transmigration, mettant ainsi au service des créatures ses mérites déjà prodigieux. La cinquième Terre, la Dure-à-gagner. marque un degré de sapience encore supérieur ; il est au stage où l’Idéal confine à l’universel, où tous les développements des Idéaux se réduisent au groupe des Quatre Vérités sublimes enseignées parles Bouddhas (douleur, origine, voie, suppression), et il les explique aux autres. Un stage encore, et sa pensée ne voit plus que l’enchainement circulaire de la causalité, la production-par-rencontre (pratitiasamutpâda) aux douze termes ; dans la nécessité transcendante il n v a plus ni bien ni mal, puisque tout sentiment personnel est éliminé ; tout y est naturellement tout pur. C’est la sixième Terre, la Droit-en-face, car elle est droit-en-face du Nirvâṇa comme de la transmigration.

L’étude de sapience, et avec elle l’étude tout entière est achevée. La septième Terre, la Va-loin, est une Terre critique : elle achève l’œuvre des six autres et amorce une nouvelle et dernière série, celle du sentier au passage uniforme où tous les Bodhisattvas sont appelés à se répéter indéfiniment les uns après les autres. Plus de sujet d’étude ; rien que les fruits des études antérieures. Donc, plus de signes : mais il reste encore des sur-opérants (abhisaṃskâra), des agents d’une activité mentale d’ordre supérieur qui affectent la passivité de la pensée.

La huitième Terre, l’Immobile, marque une révolution complète. Son œuvre de permaturation des créatures dispose désormais de moyens extrêmes ; son infatigabilité, d’achevée, devient parachevée ; ses moyens d’apostolat (saṃgrahavastu), qui échouaient encore parfois, ne sont plus aucunement stériles : ses formules (dhâraṇî), de moyennes, deviennent extrêmes ; son étude embrasse au complet le corps des Idéaux et n’a pas de sentiment-personnel ; il est sorti définitivement des suropérants, il est maître absolu de l’indifférenciation ; ni signe, ni sans-signe ne s’ébranlent. Il n’a plus qu’à nettoyer son « champ » son