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CHAPITRE I

Il a énoncé les raisons de s’effrayer ; il faut dire aussi les raisons de ne pas s’effrayer. Un vers sur les raisons de ne pas s’effrayer.

15. Il n’y en a pas d’autre qui soit différente de lui ; il est compact par excellence ; il est parallèle ; il expose la variété ; il s’applique à un énoncé constant sous des faces multiples ; il n’a pas le Sens comme la lettre ; enfin l’existence en ce qui concerne Bhagavat y est très abyssale. Donc ceux qui savent ne doivent pas s’effrayer en présence de cet Idéal, s’ils l’examinent à fond.

Il n’y en a pas d’autre qui soit différent de lui » ; il n’y a pas de Grand Véhicule autre que lui. Admettons que le Véhicule des Auditeurs soit le Grand Véhicule ; il n’y aurait pas d’autre, pas d’Auditeur, pas de Bouddha-pour-soi ; car tous deviendraient alors des Bouddhas. « Il est compact par excellence », étant le chemin de la connaissance omnisciente. « Il est parallèle », puisqu’il se développe en même temps. « Il expose la variété » ; il expose en effet le chemin varié des Provisions, et non pas la Vacuité exclusivement ; il faut donc que ce chemin soit intentionnel. « Il s’applique à un énoncé constant sous des faces multiples » ; la Vacuité y est énoncée à maintes reprises, sous des Rubriques[1] multiples, en tel et tel passage des Sûtras ; il faut donc qu’elle y ait une grande importance, autrement il aurait suffi d’une négation faite une fois pour toutes. « Il n’a pas le Sens comme la lettre » ; le Sens n’y est pas comme la lettre ; raison de plus pour ne pas s’effrayer. « L’existence, en ce qui concerne Bhagavat, y est très abyssale » ; l’existence des Bouddhas est très difficile à bien comprendre ; donc il ne faut pas s’effrayer si on ne la connaît pas. Un pareil tri à fond empêche ceux qui savent de s’effrayer.

Il est à la portée d’une connaissance qui a pénétré loin ; un vers sur ce point.

16. Sur le soubassement de l’Audition s’élève l’Acte foncièrement mental[2] ; de l’Acte mental sort la connaissance qui a pour

  1. Paryâya. En tibétain, rnam-graṅs, litt. « numéro d’ordre, énumération ». En chinois men « porte, passage ». Le mot a de nombreuses acceptions ; il signifie « ordre de succession ; synonyme ; thème de développement ; développement littéraire ; énumération consacrée ».
  2. Manaskâra (ou manasikâra ; les deux termes se substituent l’un à l’autre dans notre texte, p. ex. XI, 8-12 ; XVI, 16, vers et commentaire). Le mot