Page:Lévi - Mahayana-Sutralamkara, tome 2.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
CHAPITRE I

si on n’en fait pas un Acte foncièrement mental, c’est un Dommage ; un vers.

20. Si on se fabrique un Sens d’après la lettre, par confiance en soi on se gâte l’esprit, on insulte à la valeur de l’énoncé, on subit une perte ; pour l’Idéal, Répulsion et obstruction.

La confiance en soi, c’est de prétendre examiner par ses propres vues au lieu de chercher le Sens chez ceux qui savent. On se gâte l’esprit, puisqu’on perd par manque à gagner en fait de connaissance adéquate. On insulte à la valeur de l’énoncé[1] de l’Idéal, et, ceci étant donné[2], on subit une perte, par la prédominance des démérites. Et il s’ensuit aussi Répulsion[3] et Obstruction en ce qui concerne l’Idéal. C’en est l’Acte qui est désastreux pour l’Idéal. Voilà le Dommage.

Un esprit qui n’est pas au fait, qui ne connaît pas distinctement le Sens, ne doit pas avoir de Répulsion ; la Répulsion est déplacée ; un vers.

21. L’esprit de malveillance est naturellement vicieux ; même en cas d’inconvenance, c’est encore une inconvenance[4]. À plus forte raison, en cas de doute touchant l’Idéal. L’Apathie vaut mieux ; elle ne pèche pas.

« Naturellement vicieux » signifie : naturellement condamnable. Pourquoi l’Apathie vaut-elle mieux ? C’est qu’elle ne pèche pas. Et la répulsion est un péché.


  1. Svâkhyâta « bien énoncé » est en effet l’épithète de nature du Dharma dans tout le bouddhisme.
  2. Tannidânam forme ici une locution adverbiale, étrangère au sanscrit classique, et qui correspond à tato nidânaṃ du pâli. En tibétain, dehi gźi las.
  3. Pratigha et pratighâta indiquent également qu’on est repoussé de vive force ou par un sentiment de répulsion. Le tibétain traduit uniformément par khoṅ khro « colère, malveillance, désaffection ».
  4. Je complète d’après le tibétain : mi rigs pa yi gzugs la’ṅ mi rigs na. La restitution sanscrite vient d’elle-même, à peu près garantie par le mètre : hy ayuktarûbe ’pi na yuktarûpah.