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PRODUCTION DE LA PENSÉE

du Sens des créatures. Ainsi la Production de Pensée est définie comme un État de pensée qui a trois vertus et deux Phénomènes.

Division de la Production de Pensée, en un vers.

2. La Production de Pensée est de Croyance, ou d’Archi-Tendance[1] pure, ou de Concoction[2] dans les Terres, ou libre d’Obstruction.

    saṃgraha, Anand. ser. p. 16). Ainsi, comme les dharma seraient la projection des choses sur le plan de l’intelligence active (manas), l’âlambana en serait la projection pour ainsi dire à la seconde puissance, sur le plan de la pensée pure (citta) où elles se manifesteraient non pas en produisant une modification interne, comme les dharma dans le manas, mais comme un reflet superficiel et glissant. Cf. inf. XI, 1-8.

  1. Adhyâçaya. L’adhyâçaya est défini inf. IV, 15 comm. la tendance à un Acquis tout-particulier ». L’Acquis tout-particulier (visesâdhigama en pali) est défini ainsi par Childers, j’ignore sur quelle autorité : « Quand dans la méditation extatique une pensée spéciale a été saisie avec succès et que l’extase (dhyâna) a été induite, c’est là l’atteinte spécifique (vis°) » Childers explique la phrase : adhigatavisesâ hîyanti par : « ils sont déchus du degré d’extase (dhyâna) déjà atteint ». Dans le Vinaya (Cullavagga, VII, 4, 7) le Bouddha donne comme une des raisons qui doivent faire de Devadatta un damné : oramattakena visesâdhigamena antarâ vosânam âpadi « il s’est arrêté avant la fin, parce qu’il a eu un Acquis tout-particulier de mesure trop petite ». La même formule revient Mahâparinibbâna sutta I, 7, appliquée d’une manière analogue. Donc le véritable « Acquis tout-particulier » en faisant comprendre le salut (une des formes-du Nirvâṇa) y fait de plus tendre ; il se confond bien avec l’archi-tendance, la tendance capitale, adhyâçaya.

    Buddhaghoṣa (Visuddhimagga, III, fin, analysé dans J.P.T.S., 1891-3, p. 90) donne une liste de six classes de Bodhisattvas distribués d’après leur ajjhâsaya (= adhyâçaya) de alobha, adosa, amoha, nekkhamma, paviveka, nissaraṇa.

  2. Vaipâkika, vaipâkya. Le bouddhisme compte cinq espèces de « fruits » c’est-à-dire d’effets (M. Vy., § 116, et cf. les textes de Lavallée-Poussin, Madh. V. 335, n. 1) : niṣyanda-phala, adhipati°, puraṣakâra°, vipâka°, visaṃyoga°. Le niṣyanda-phala « fruit de coulée » [ni-syand « tomber goutte à goutte »] est traduit en tibétain par rgyu mthun « égal à la cause », et en chinois par yi kouo « fruit correspondant » ; ces traductions répondent bien à l’explication du Bodhisattvabhûmi (Lavallée, l. c.) : pûrvakarmasâdṛçyena va paçcâtphalânuvartanatâ « le fruit ultérieur est conforme par ressemblance avec l’acte antérieur ». Inf. XVII, 23, Asaṅga énumère les cinq « fruits » des stations brahmiques » (brâhmya vihâra) ; le niṣyandaphala, c’est que le Bodhisattva renaît partout en possession des stations brahmiques. Et XVIII, 8-9, il énumère les cinq fruits de la « bonne honte » (lajjâ ; le niṣyanda-phala, c’est que dans toutes ses naissances le Bodhisattva ne se sépare pas des Auxiliaires qui favorisent la « bonne honte ». Dans ces deux cas, le niṣyanda-phala s’oppose au visaṃyoga° « le fruit de séparation » (tibétain bral ba’i’ bras bu, chinois siang li kouo, même sens) qui consiste en ce fait que le Bodhisattva est perpétuellement séparé, dépourvu des Adver-