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CHAPITRE IV

La Production de Pensée chez les Bodhisattvas est de quatre espèces : de Croyance dans la Terre de Conduite par Croyance ; d’Archi-Tendance dans sept Terres ; de Concoction dans la huitième et les suivantes ; sans Obstruction dans la Terre de Bouddha.

Quatre vers pour déterminer la Production de Pensée.

3. Sa racine, c’est la compassion ; sa Tendance, c’est constamment le salut d’autrui ; sa Croyance, c’est l’Idéal ; son Phénomène, c’est les questions touchant la connaissance afférente.

4. Son Véhicule, c’est un Zèle toujours croissant ; son Assiette, c’est l’Astreinte à la Morale ; son achoppement, c’est l’encouragement ou l’approbation donnée à l’Adversaire.

5. Son Avantage, c’est la croissance du Bien, car elle est faite de Mérite et de connaissance ; son Évasion, c’est l’Application constante aux Perfections.

6. Elle finit, à chaque Terre, par l’Application à cette Terre ; telle est la détermination de la Production de Pensée chez les Bodhisattvas.

    saires afférents. Ainsi le niṣyanda-phala consiste dans le prolongement des avantages (ou des désavantages) déjà réalisés dans la cause. Le chinois et le tibétain, par leurs équivalents, expriment parfaitement cette propriété de correspondance et d’identité.

    Le vipâka-phala est rendu littéralement en tibétain par rnam par smin pa « mûrir tout-particulièrement ». Le chinois le rend par pao kouo « fruit de paiement en retour ». C’est le fruit recueilli svasaṃtâne « dans la série-personnelle propre » ; dans les deux passages cités XVII, 23, le vip° ph° des brâhmya vihâra, c’est de « naître parmi les créatures de désir » (kâmiṣu sattveṣu jâyate) ; et XVIII, 8 le vip° ph° de la lajjâ, c’est de « naître toujours parmi les dieux et les hommes » (deveṣu ca manujeṣu ca nityaṃ saṃjâyate). Dans les deux cas, il s’agit bien d’un avantage de naissance dans une vie ultérieure, svasaṃtâne.

    L’adhipati-phala est en tibétain bdag po’i ’bras bu « le fruit de maître » en chinois chang kouo « fruit de supérieur ». Dans les deux exemples déjà cités, il consiste à « remplir les provisions de l’Illumination » (sambhârân pûrayati).

    Enfin le puruṣakâra-phala, tibétain skyes bu byed pa’i ’bras bu « fruit d’acte mâle », chinois tchang fou kouo « fruit de mâle », consiste à « per-mûrir constamment les créatures » (sattvân paripâcayati.)

    Le verbe pac signifiant « cuire » et « mûrir » j’ai préféré adopter comme traduction le mot « concoction » pour bien séparer le mot de « mûrir, per-mûrir, etc. », qui ont un sens tout différent dans ce texte.