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CHAPITRE IV

8. Si un Bouddha a été bien honoré, si les Provisions de connaissance et de Mérite ont été bien accumulées, elle est transcendante, puisqu’elle enfante une connaissance sans différenciation quant aux Idéaux.

9. Comme on y suscepte l’Égalité de Pensée quant aux Idéaux, aux créatures, à leurs affaires, à la suprême Bouddhaté, la joie y est excellente.

10. Il faut y connaître la naissance, la sublimité, l’endurance, la pureté de la Tendance, l’habileté au reste, et l’Évasion.

11. La Croyance à l’Idéal est la semence ; les Perfections sont la meilleure des mères ; le bonheur de l’Extase est la matrice ; la Compassion est la nourrice qui l’élève.

12. La sublimité tient à la réalisation[1] des dix grands Vœux[2] ; l’endurance, à une résistance qui dépasse la longue durée des épreuves.

13. La pureté de la Tendance vient de l’Illumination reconnue prochaine et de la connaissance acquise des moyens afférents ; l’habileté s’applique aux autres Terres.

14. L’Évasion est à connaître par l’Acte mental en rapport avec la situation, puisqu’on reconnaît que l’une est pure Imagination, et que l’autre est sans différenciation.

  1. Abhinirhâra. Mot bouddhique. Böhtlingk le donne dans son supplément final avec une référence à la Jâtaka-mâlâ et propose comme traduction « Anweisung, indication ». Le tibétain traduit régulièrement sgrub pa qui sert aussi régulièrement à traduire sâdh, sidh « accomplir ». Le chinois le traduit sans uniformité, mais généralement avec le sens de « produire ». En pali, sous la forme abhinihâra, Childers le rend par « sérieux désir, aspiration ». Les éditeurs du Divyâvadâna, Index, s. v. proposent comme traduction « obtenir ». Mais le sens de « produire, réaliser » (c’est ce dernier mot que j’ai partout adopté) est garanti par de très nombreux passages ; p. ex. XIV, 17, et surtout XVIII, 53, liste des six abhinirhâra (où le chinois traduit bien par tcheng tsiou « accomplir »).
  2. Les dix grands vœux du Bodhisattva sont vraisemblablement ceux que le Dictionnaire numérique (chap. 56) énumère d’après l’Avataṃsaka : vœu de saluer les Bouddhas ; de glorifier les Tathâgatas ; de multiplier les offrandes ; de confesser les fautes pour écarter les obstructions ; d’approuver joyeusement (anumodanâ) les mérites ; de demander la mise en branle de la Roue de la Loi ; de demander aux Bouddhas de demeurer dans le monde ; de se conformer toujours à l’enseignement des Bouddhas ; de prendre toujours l’initiative en faveur des créatures ; de perfléchir universellement ses mérites.