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PRÉ-ARYEN ET PRÉ-DRAVIDIEN DANS L’INDE.

est un monstre et une chimère. D’Oḍradeśa sortent directement les premières formes employées par les Européens, Ulixa, Udeza, Orisa, etc. Le nom universellement donné aujourd’hui dans l’usage à la langue de l’Orissa, Uriya, vient du même vocable Odra, sous sa forme la plus réduite. Comme c’était le cas pour Telinga, nous ayons ici encore affaire à un mot qui n’a jamais pris une graphie définitive. On trouve, et jusque dans les mêmes textes, Udra, Odra, Audra. Cf. par exemple pour le MahàBhârata l’Index de Sôrensen sous ces différents mots. La forme Uda, à laquelle remontent Oriya et Orissa, est garantie déjà par le témoignage des transcriptions chinoises. Hiuan-tsang transcrit Wou-tch’a 烏茶 et les Annales des T’ang font de même, et aussi la version officielle d’une lettre adressée à l’empereur de Chine par le roi Subhakara en 796, avec un manuscrit du Gandavyûha (voir supra, p. 7). Une forme à insertion de nasale, Umda, Unda, est attestée par de nombreuses variantes dans toutes sortes de textes. Ainsi MBh., VI, 9, 365, dans la liste des nations de l’Inde, en face de C Audrâh Paundrâh B lit Aumdrâh et le texte suivi par le traducteur de P. C. Roy a la même lecture (the Aundras, the Paundras) ; la recension du Sud lit Ortdrà Mlecchâh ; Manu, X, kk, nomme parmi les ksatriya dégradés Paundrakâs CodaDravidâh ; tel est le texte suivi par Bûhler, mais il avertit en note que sa lecture est une correction pour Corhdra 0 qui est donné par plusieurs manuscrits du commentateur Medhâtithi et aussi par le commentateur Kullùka ; il ajoute que l’interprétation suivie par W. Jones (ca + uda) est improbable parce que la particule ca est absolument inutile après le premier terme. Cependant, le constant rapprochement des Paundra et des Odra semble justifier pleinement l’analyse et la traduction de Jones. En face du Wou-tch’a 烏茶 de la version chinoise, dans le Saddharmasmrtyupasthâna sûtra (correspondant à Râmâyana G IV, 41, 18, tathaudrân), le traducteur