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Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/120

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vaut mieux qu’il viole sa foi que de ruiner son peuple. » Le raisonnement est spécieux. Il est fâcheux seulement que Frédéric II ait si souvent recherché, loin de les fuir, les occasions de se sacrifier.

IV

L’armée et le trésor sont les organes essentiels de l’État, pour l’attaque et pour la défense, et c’est sur eux que le prince doit d’abord porter ses soins. Mais il faut que sa prévoyance s’étende plus loin, car ces organes tirent leur substance du corps social, et ils ne sauraient être forts si le corps est lui-même languissant et affaibli.

Pour que l’armée soit « bonne et forte », pour que les finances soient « bien pourvues », il faut que le pays ne succombe pas sous la charge militaire, que le commerce et l’industrie se développent, et que les impôts rentrent sans trop de difficulté. Un système particulier de recrutement permit à Frédéric de ménager la population de ses états (surtout celle des villes), tout en maintenant sur pied un effectif considérable : l’armée comptait plus d’étrangers que de Prussiens proprement dits. Au point de vue économique, Frédéric suivait quelques principes simples qui s’accordaient, selon sa propre expression, avec le reste de son système : 1° La force d’un pays est proportionnelle au chiffre et à la densité de sa population. Donc, permettre aux soldats de se marier, attirer les étrangers, coloniser les districts mal peuplés, et acquérir, s’il se peut, de nouvelles