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Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/54

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peu raffiné. Qu’on en juge par ces quelques maximes en lesquelles il la résume :

La science qui n’est d’aucune utilité dans la vie de l’homme et qui ne conduit pas au salut n’est pas une vraie science. — Thomasius peut avoir emprunté cette maxime aux jansénistes et aux piétistes. Il la dirige contre I’érudition vaine.

Savoir beaucoup de langues est la moindre partie de la science : (contre les érudits orgueilleux de leur grec et de leur latin).

Pour acquérir la science, on n’a besoin d’aucune vocation particulière : (contre l’esprit de caste des professeurs).

Les femmes en sont aussi capables que les hommes.

Savoir beaucoup n’est pas ce qui fait un homme savant : (contre le pédantisme).

Celui-là n’est pas savant dont la science n’a pas d’application pratique : (contre les connaissances inutiles).

Enfin celui-là n’est pas savant qui confond la lumière naturelle, c’est-à-dire la raison, et la surnaturelle, c’est-à-dire la révélation : (contre les empiètements des théologiens). Tout ceci est assurément fort loin de la Monadologie. Mais ce n’est pas non plus de la Monadologie que l’Allemagne des premières années du XVIIIe siècle pouvait tirer profit. Tbomasius ne se proposait point d’expliquer les premiers principes des choses. Il voulait abattre la barrière qui séparait les soi-disants savants et érudits du vulgaire, connue Spener avait appris au laïque que rien ne le distinguait de l’homme de Dieu. Peu importe donc