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Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/63

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vices, à répandre les lumières, à réformer les mœurs. Il combat le luxe et la prodigalité : c’est folie de se ruiner pour des jardins, ou des voitures, ou des chevaux. Il s’efforce de donner aux femmes des goûts plus simples et plus relevés, de développer chez elles l’esprit de société et de conversation. Voici, d’après lui, ce que doit contenir la bibliothèque d’une « femme distinguée » : des livres de piété en fort grand nombre, Fénelon, de l’Existence de Dieu, de l’Éducation des filles, Télémaque, — La Bruyère, — les Lettres de Richelet, — les Lettres de Rabutin, — Fontenelle, de la Pluralité des mondes, — Crousaz, Traité du Beau, — les Fables de la Motte ; puis quelques livres traduits de l’anglais, Sherlock, Locke, de l’Éducation des enfants, etc.[1] » Ce dernier sujet revient constamment ; aucune réforme n’était plus urgente. « Je connais beaucoup de maisons ici à Hambourg où les enfants, aussi bien les garçons que les filles, restent avec les domestiques jusqu’à l’âge de 9 ou 10 ans, et ont à peine une fois par semaine le bonheur de paraître devant leurs parents [2]. » Dans les écoles, beaucoup de maîtres sont indignes de leurs fonctions. « Qui voudrait croire que même dans de grandes villes (comme Hambourg), de mauvais garçons forgerons, des compagnons tailleurs ou charrons, voire de simples laquais, se font maîtres d’école, et que beaucoup de ces gens-là tiennent jusqu’à soixante-dix enfants sous leur férule[3] ? » Les mères doivent nourrir elles-mêmes leurs enfants, s’en occuper elles-mêmes, ne point

  1. VIII, p. 77-78.
  2. III, p.20.
  3. Ibid.