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Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/76

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pour parvenir à une connaissance certaine, est de déterminer précisément le sens de tous les mots, et de déduire les vérités suivantes des vérités précédentes par une liaison nécessaire. » Et il le fait comme il le dit, définissant chaque terme, démontrant chaque proposition. Aussi son système, à commencer par l’ontologie ou métaphysique, jusqu’à la logique et à la morale, en passant par la psychologie, forme-t-il un nombre considérable de gros volumes, tous également illisibles. Wollf démontrera, par exemple avec les preuves à l’appui, que les enfants bien élevés deviennent une cause de satisfaction pour leurs parents, et mal élevés une cause d’ennui. Naturellement les disciples renchérissaient encore sur le maître, et exagéraient ses scrupules en fait de définitions et de preuves. On cite un pasteur qui, ayant pris pour texte le Sermon sur la montagne commença ainsi : « Une montagne est une élévation, le peuple est une multitude d’hommes, etc.[1] »

Wolff n’en a pas moins été le premier qui, en Allemagne, ait tenté de parcourir tout le domaine de la science en suivant une marche méthodique, en se tenant au point de vue de la seule raison, et en rejetant toute autorité. Que les démonstrations de Wolff paraissent souvent inutiles ou puériles, là n’est pas la question. L’esprit allemand avait besoin de passer par cette école. En France, la philosophie cartésienne avait rompu net avec la tradition scolastique. Descartes est un novateur sévère jusqu’à l’injustice pour ce qui l’a précédé.

  1. Biedermann, II, 1, 406.