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CHAPITRE III

COMPARAISON ENTRE LES IDÉES DE STIRNER

ET LES IDÉES DE NIETZSCHE DANS SA DEUXIÈME PÉRIODE


Dans sa deuxième période, celle où il s’affranchit de ses éducateurs, Schopenhauer et Richard Wagner, pour se rapprocher du positivisme, Nietzsche paraît plus voisin de Stirner. Les deux philosophes affirment en effet l’égoïsme et la liberté : ils nient tous deux la morale, le droit et l’État. Mais il importe de définir exactement ce que les deux philosophes entendent par ces affirmations et ces négations.


a) L’égoïsme


Stirner donne de l’égoïsme deux définitions. Quand il dit que tout acte est égoïste, il entend d’abord par là qu’il y a toujours un lien entre le sujet qui agit et son acte. Même ceux qui se sacrifient pour une idée se sacrifient pour leur idée ; chacun n’agit donc à vrai dire que pour l’amour de soi. Toutefois cet égoïsme est le plus souvent inconscient : l’homme ne cherche jamais que son bien, mais il croit devoir servir des êtres supérieurs ; il s’imagine qu’il se sacrifie absolument, sans s’apercevoir que le sacrifice même n’est qu’une