Page:Lévy - Stirner et Nietzsche.djvu/51

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lui absolument contraires à l’esprit germanique et témoignent de l’absence de tout esprit métaphysique chez les adeptes de cette théorie romane. Il ne voit dans les efforts des partisans de la paix que la manifestation de la peur et l’influence du capital ; il entonne un péan en l’honneur de la guerre : l’arc d’argent a un son terrible ; mais Apollon n’en est pas moins un Dieu purificateur. La guerre est pour l’État une nécessité ; l’armée est le type de l’État ; car la masse chaotique y est organisée en pyramide sous la domination des castes par une constitution analogue à celle que Lycurgue donna à Sparte ; le guerrier n’est qu’un outil au service du génie militaire. Il suffit de généraliser le problème pour comprendre que l’homme n’a de valeur, de dignité ou de droit qu’en sa qualité d’instrument conscient ou inconscient du génie. L’État parfait de Platon mérite à cet égard de rester notre idéal.

Tandis que Stirner avait jugé l’État, comme il avait apprécié l’éducation, en s’inspirant des principes de la Révolution française, Nietzsche, humaniste convaincu, ne s’est pas contenté d’admirer l’art de la Grèce : il a souhaité la Renaissance de la cité antique, comme si l’on pouvait effacer de l’histoire le Christianisme, la Réforme et la Révolution.


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