Page:L’Église arménienne orientale, trad. Dulaurier, 1859.djvu/92

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mais ceux qui se servent d’eau pure, au nom de qui l’accomplissent-ils ? Est-ce au nom de Jésus-Christ ? Non, certes, car le Sauveur, selon les Évangélistes, prit le vin à la main et non l’eau, lorsqu’il dit : Ceci est mon sang. Et comme personne, excepté Jésus-Christ, n’avait institué ce sacrement, ni avec le vin, ni avec l’eau, j’en conclus que tout ce qu’on dit doit être regardé comme de pures inventions et non comme vérité.

Ceux qui mêlent l’eau au vin font reposer cet usage traditionnel sur la circonstance qu’il découla du côté de Jésus-Christ deux jets, l’un de sang et l’autre d’eau. Mais peut-on penser avec raison que ce grand et admirable miracle ait eu lieu pour l’objet de ce sacrement ? Si Dieu avait eu cela en vue, il lui aurait suffi d’inspirer à quelques-uns des hommes animés de l’Esprit-Saint, aux Apôtres ou aux plus illustres docteurs de l’Église, la pensée de prescrire de verser de l’eau dans le calice du Seigneur, et nul alors ne s’y serait opposé. Mais ce n’est pas pour que ce mélange soit opéré que l’eau coula avec le sang du côté du Sauveur, mais bien pour indiquer le mystère du baptême dans la mort de Jésus-Christ, d’après les paroles de l’apôtre saint Paul aux Romains : Ne savez-vous pas que tous ceux qui ont été baptisés en Jésus-Christ l’ont été dans sa mort[1] ? Saint Jean Chrysostome, dans son commen-

  1. Chap. VI, v. 2.