Page:L’Égyptienne, année 4, numéro 36, mars-avril 1928.djvu/30

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Vers minuit, Lamia put voir un fumeur rôder autour de sa demeure. Elle comprit que la cigarette n’était qu’un signal, et s’empressa de rejoindre celui qui l’appelait. La nuit était profondément obscure et les deux amoureux sortirent du village sans faire de fâcheuses rencontres. Ils montèrent dans une voiture qui les attendait et la voiture se dirigea vers le village le plus proche, à l’entrée duquel ils furent salués par quelques amis venus à leur rencontre. Sans perdre une minute, le petit cortège s’en fut silencieusement vers la maison du Curé.

On frappa à la porte et le vieux prêtre, encore mal réveillé, vint ouvrir. Alors, sans lui laisser le temps de demander des explications, Fouad s’inclina devant lui en disant :

— « Ô Notre Révérend Père, sois témoin de mon mariage avec Lamia la fille d’Ibrahim, car je la prends pour épouse. »

Et Lamia dit :

— « Ô Fouad, je t’accepte pour époux ! »

Puis, laissant le bon vieux prêtre dans la perplexité ils s’en allèrent, heureux et convaincus de l’indissolubilité de leur union et leur bonheur encouragea d’autres à les imiter.

L’enlèvement des jeunes filles est une très vieille coutume. Quelques-unes en profitent pour échapper à la tyrannie de parents ignorants ou injustes. Au lieu d’épouser l’homme non aimé désigné par son père et sa mère, la jeune fille se laisse enlever par un autre, par celui qu’elle préfère, par l’« Idéal ». Et malgré la marche de la civilisation devant laquelle disparaissent lentement les coutumes anciennes, il en est encore ainsi dans quelques parties du Liban.

may ziade.


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Pensées




« Il n’y a dans l’avenir aucune paix qui ne soit déjà contenue dans le moment présent. Prenez la paix. L’obscurité qui enveloppe le monde n’est qu’une ombre. Au delà, tout à notre portée, se trouve la joie. Si nous savions voir, nous discernerions, même dans les ténèbres, un rayonnement de gloire. Pour voir, il suffit de regarder. La Vie donne généreusement, mais nous ne jugeons ses dons que d’après leur enveloppe et les rejetons parce qu’ils nous semblent laids, lourds ou cruels. Saluez la Vie ; saisissez-là et vous toucherez la main de l’ange qui vous l’apporte. Dans tout ce que nous appelons épreuve, tristesse ou devoir, se retrouve cette main. Le don, est là avec le miracle d’une présence protectrice. Ne vous contentez pas de vos joies, mais recherchez les dons divins qu’elles recèlent. Ayez le courage de vouloir ces dons. Tout est là. »

(Traduction par ISHBEL ABERDEEN).