Page:L’Étourdi, 1784.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
154
L’ÉTOURDI.


quitta en lui faiſant quelques plaiſanteries d’uſage, elle s’approcha de moi, les larmes aux yeux, me ſauta au cou, & elle me tint étroitement embraſſée pendant un eſpace de temps aſſez long. Je partageai ſes ſoupirs ; ſes pleurs ne me ſurprirent point s’ils m’affligerent ! Je connoiſſais les intérêts de ſon cœur. Enfin elle s’arracha de mes bras pour ſe jeter dans ceux de ſa mere. Madame d’Herbeville la repouſſa durement, en lui reprochant de faire la petite ſotte ; ce ſont ſes paroles. À ce reproche déplacé, cette fille charmante redoubla de ſanglots & de larmes, colla ſes levres ſur celles de ſa mere, & ſe retira dans un cabinet voiſin. Alors nous ſortimes tous, & ne laiſſames que ſon mari dans ſa chambre.

Le Comte, impatient de jouir des droits de l’hymenée, fut chercher ſa femme. Il la trouva étendue ſur le parquet, & évanouie. Ses cris nous firent voler dans l’appartement nuptial ; elle était ſans ſentiment, & prête à rendre le dernier ſoupir. Chacun de nous attribua cette révolution à la violence