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L’ÉTOURDI.


ques. Les propos de mes camarades, les deſirs de mon âge, tout me diſait qu’il exiſtait dans le monde un bonheur qui m’était inconnu, & qui ne me ſerait dévoilé que par la plus délicieuſe des expériences.

Ce fut par le moyen de quelques livres qu’on m’avoit prêté, que je fis les premieres acquiſitions de certaines notions infiniment plus intéreſſantes & plus liées à la nature, que le pompeux galimathias algébrique dont on m’excédait chaque jour.

Une nuit, à la ſuite de la lecture de Thémidore, je rêvai à Roſette qui en eſt la principale héroïne ; & par la plus chere des illuſions, je trouvai, dans les bras du ſommeil, les plaiſirs qu’un amant goûte ſur le ſein de ſa maîtreſſe.

Les impreſſions d’un ſonge ne s’effacent que long-temps après ſa fuite. En effet, j’éprouvai, après mon réveil, les ſuites voluptueuſes d’un amoureux délire : le plaiſir avait parcouru tous mes ſens, &, avait porté le trouble & le deſir.

Peins-toi un étalon vigoureux, dé-

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