je me mis en état de faire des libations
à cette Déeſſe. Quant à ma belle dormeuſe,
je ne la remuai point du tout,
la ſituation était trop bonne ; je levai
ſeulement un peu plus haut le voile,
pour avoir plus à découvert l’autel ſur
lequel j’allais faire mes offrandes.
Déjà j’avais fait le ſacrifice ſans que Madame de Larba y eût été ſenſible, ou plutôt ſans que je m’en fuſſe apperçu ; mais comme je le réiterais, elle ſe réveilla dans le moment de l’oblation, en jetant deux ou trois ſoupirs mal articulés, & en ſe frottant les yeux comme ſi elle fut ſortie d’un long & pénible ſommeil.
Il était temps, Madame, lui dis-je ; elle fit l’étonnée, joua la déſolée, & voulut ſe fâcher. J’eus de l’humeur à mon tour, & la menaçai de la percer du poignard que je tenais encore hors du foureau ; à ce prix mon pardon fut accordé ; nous le ſcellames, & fumes tous les deux contens.